Indeterminate Chymistry
Laura Golzan
19 février — 4 avril 2015
Laura Gozlan proposera une installation inédite, un dispositif architectural intégrant sculptures et projection vidéo. Indeterminate Chymistry s’intéresse aux “zones grises” des sciences anciennes et des protosciences, à leur coexistence, lorsque le rationalisme fait place au mysticisme, nous renvoyant simultanément à des théories spéculatives et à des pratiques archaïques.
En complément de l’exposition, Laura Gozlan proposera une performance au cinéma le Rio, suivie d’une projection du film The Gladiators de Peter Watkins (1969).
La pratique de Laura Gozlan s’articule autour de films expérimentaux, de vidéos et d’installations visuelles assemblant documents, sculptures et maquettes. Elle se ré-approprie récemment des images empruntées au cinéma de genre et au film scientifique qu’elle ré-arrange au montage avec ses propres rushes. Elle s’intéresse aux utopies scientifiques ou architecturales et aux communautés que celles-ci fédèrent avec une prédilection pour leur représentation dans les sous-genres cinématographiques.
Laura Gozlan est née en 1979, elle vit et travaille entre Bruxelles et Paris.
PERFORMANCE
Something eternal is more perfect than something created – durée 20 min
La performance va chercher dans Gladiators de Peter Watkins et dans la matière de la guerre froide, un motif : celui de la polarisation du monde, son éternelle division en camps opposés et en niveaux de réalités imbriqués. C’est là qu’intervient l’auteur de science-fiction Philip K. Dick et son adage «L’Empire n’a jamais pris fin» impliquant la survivance, sous une forme latente ou parallèle à notre univers, de l’Empire Romain et de son archaïsme, de son déclin.
Sur le plateau, un intermédiaire physique incarné par l’artiste questionne les personnages d’un film projeté derrière lui. L’intermédiaire s’exprime uniquement à travers les mots de Philip K. Dick.
Laura Gozlan nous invite à une plongée dans l’esprit paranoïaque de Dick, nous conduisant à mettre en doute la nature même de notre réalité.
« Au point où nous en sommes, il serait nécessaire de faire venir à la barre quelqu’un qui, peut importe comment pour l’instant, garde mémoire d’un autre présent. Logiquement, il devrait être pire que celui où nous nous trouvons, car Dieu travaille dans le sens de l’amélioration. D’un point de vue théorique, on peut sans doute soutenir qu’Il est mauvais ou incompétent, mais je refuse de prendre cette idée au sérieux. La question que je pose est donc : quelqu’un parmi nous a-t-il une connaissance personnelle d’un monde pire que le nôtre aux alentours de 1977 ? La réponse est : oui, moi. »
Extraits de If you find this world bad, you should see some of the others.
Metz, 24 Septembre 1977, Philip K Dick
PROJECTION
The Gladiators de Peter Watkins (1969) – 1h27
Plus de trente ans avant les blockbusters Battle Royale ou Hunger Games, Peter Watkins met en scène le sacrifice des jeunes générations par leurs ainés à travers des jeux de guerre mortels, diffusés à la télévision sous le nom orwellien de « Jeux de la paix ». Dans un style pseudo-documentaire et pétri d’humour grinçant, Watkins tourne en dérision les vieux officiers apathiques réunis derrière leurs écrans pour contrôler le jeu, décidant du sort des jeunes soldats qui luttent pour leur survie, plus ou moins conscients de l’absurdité de leur situation.
Ce film d’anticipation tourné en Suède et très décrié à sa sortie n’a rien perdu de sa pertinence aujourd’hui ; sont esthétique délibérément lugubre est un contrepoint salutaire aux films de science-fiction saturés d’effets spéciaux dont nous abreuve Hollywood.
The Gladiators est le deuxième long-métrage de Peter Watkins. Le réalisateur anglais est principalement connu pour Punishment Park (1970), violent pamphlet contre la guerre du Vietnam ayant fait scandale aux USA, et Edvard Munch (1973), biopic du peintre norvégien acclamé par la critique et le public