La part des choses, épisode 2

Christoph Meier

29 avril — 4 juin 2010


Si les références historiques qui nous permettraient d’éclaircir la pratique de Christoph Meier sont nombreuses (modernisme, minimalisme, abstraction), il est sans doute tout aussi efficace de s’en passer. Christoph Meier est peut être même un des représentants d’une génération qui utilisant sans complexe les outils (théoriques, plastiques) du passé n’en oublie pas pour autant de les décloisonner dans l’objectif de libérer le spectateur du rapport esthétique dans lequel le XX° siècle les avait éventuellement enfermé.

Les œuvres de Christoph Meier ont de nombreuses qualités plastiques souvent liées à l’aspect si particulier d’un assemblage très hétéroclite, une table de ping-pong qui côtoie un projecteur et un tabouret par exemple1. Ici, il s’agit de plusieurs projections diapositives et 8mm, dont le résultat est à la fois insignifiant et fascinant, et c’est tout l’enjeu de cette installation. Pour Christoph Meier il s’agit presque de créer une relative dépression dans notre rapport à l’objet d’art en s’évertuant à en faire une chose ambivalente difficile à saisir. Ce qui retient sans doute le plus notre attention chez cet artiste est cette volonté et capacité à scier la branche sur laquelle sa démarche repose sans jamais en voir le bout et de suspendre notre regard à cette possible chute qui ne vient jamais.

Nicolas, cette petite sculpture fruit d’une courte collaboration avec Aurélien Porte est à la fois symptomatique du système décrit précédemment et son antidote. Le symptôme c’est l’incrédulité que l’on peut éprouver à la rencontre de ce cube de mousse taché de peinture, l’antidote c’est précisément le détachement de Christoph Meier envers tout système même le sien car « Nicolas » a été en partie réalisé pour la simple raison que cette sculpture se transportait facilement. Ce qui est à l’évidence une bonne raison.

Martial Déflacieux


1 ohne Titel (Assemblage in 7 Arbeitsansätzen), 2008