Éric Provenchère
19 janvier — 10 mars 2012
Impression.
Je prends le train en partance pour Paris.
Le paysage défile à toute vitesse sous mes yeux.
Nous sommes au printemps.
Quand tout d’un coup un champ de colza vient rompre une certaine monotonie visuelle.
L’impact est tel et de courte durée que je suis impressionné.
Par ce jaune et ce petit peu de vert suffisamment sombre pour le mettre en valeur.
Ce champ est beau, “férocement” beau.
Je me dis qu’il ne peut en être autrement.
Il faudrait que je demande à mon voisin ou ma voisine, pour savoir ce qu’il ou elle en pense.
Histoire de me rassurer
1) sur ma vue
2) sur mon sentiment
3) sur la faculté de s’émerveiller devant ce spectacle
Je serais bien ennuyé si on me répondait par une forme d’indifférence.
Ce champ de colza m’apparaît comme une aveuglante évidence.
Cette impression s’impose à moi de sorte que lorsque je reprends le chemin du train,
Je suis comme en attente de ce moment-là.
Étant peintre je me demande parfois comment retrouver cet état de “soumission” à l’image que j’élabore.
Une image plus forte que moi et qui n’en finit pas, où l’usure du regard n’a pas prise.
Ce serait très excitant d’y arriver.
Je me dis également que la vitesse à laquelle je perçois ce champ est importante.
Je n’ai pas le temps d’être blasé par cette vision.
Et l’intensité renforcée qui m’accompagne et qui fait que j’en parle encore.
Éric Provenchère. 2006