Olivier Soulerin
9 juin — 2 juillet 2011









Prises de vues – transcription de l’entretien réalisé par Eric Provenchère
Olivier Soulerin a publié cette année Prises de vues, un livre d’artiste dans lequel il montre comment ses prises de notes photographiques nourrissent son travail de peinture et de volume. À l’occasion de son exposition à la médiathèque de Cournon, Eric Provenchère réalisait un entretien audio où l’artiste précise les relations qu’entretient sa peinture avec les images qu’il archive. Extrait.
Eric Provenchère : Il me semble que ces photographies sont à l’origine même de ton travail de peinture et de volume, quelle place tiennent-elles dans ta pratique en général ?
Olivier Soulerin : C’est le travail d’atelier qui se prolonge au dehors, comme des prises de notes, des captations. Sur le vif, je remarque les qualités plastiques de ce qui se présente à moi. Il y est question de couleur, de rapports de textures, de surfaces, et de leur distribution dans l’espace. Les « prises de vues » nourrissent mon travail plastique et réciproquement, celui-ci transforme l’attention que je porte aux choses qui m’entourent. C’est une manière pour moi d’élargir le territoire de la peinture dans lequel j’inscris mon travail. Il y a aussi ces choses que je remarque dans la rue et qui me font penser à un Richard Tuttle ou à un François Schmitt…
E.P : Lorsqu’on observe tes photographies, on s’aperçoit qu’il y a un cadrage précis, rigoureux, et que ce cadrage oriente notre regard vers des espaces aux repères visuels clairement définis…
O.S : Beaucoup sont prises de manière instinctive, voire à la volée (je pense aux défilements interceptés depuis ma voiture), leur cadrage est tel qu’il est : bon à prendre ou à laisser ; d’autres sont au contraire, plus posées, et font l’objet d’un travail de retouches à l’ordinateur. Je corrige la courbure des lignes, affine les contrastes, mesure la composition. L’orientation du regard, dont tu parles, vient aussi du montage, des liens qui s’opèrent dans le déroulé d’un diaporama ou le feuilletage d’un carnet.
E.P : Tes photographies ont un caractère très urbain, tu fais peu de photographies d’environnements ruraux ouverts sur de grands espaces «naturels».
O.S : Il en existe quelques-unes (pour la plupart faites en vacances) mais même dans ces images, les choses qui m’intéressent sont la plupart du temps liées au travail, à l’habitat, à l’agencement des façades, des clôtures de jardin, à la façon d’entasser du matériel, des outils, etc. Il y a aussi le fait que ces environnements ruraux me semblent plus « exotiques » alors que je cherche à photographier ce que l’on a devant soi, et à côté de quoi on passe sans s’attarder.
Prises de vues a été produit avec le soutien du dispositif d’aide à la création de Clermont-Communauté et a été édité par In extenso à 1000 exemplaires.