La part des choses, épisode 4

Fabrice Gallis, Charlie Jeffery

9 septembre — 16 octobre 2010


Galerie From Point to Point / Philippe Pannetier – Nîmes.

Pour ce quatrième volet de notre cycle d’exposition La Part des Choses, nous avons choisi d’inviter les artistes Fabrice Gallis et Charlie Jeffery à investir la galerie Philippe pannetier de façon collaborative et performative.

Cet investissement ne se limite pas au respect des  cadres traditionnels de l’exposition, (temps de monstration, horaires d’ouverture de la galerie, éclairage des « pièces », etc…) mais s’amuse à les déplacer, les contraindre et les interroger.

Fabrice Gallis s’installe aux manettes et prend le contrôle de l’espace physique de la galerie en parasitant les moyens traditionnels de l’exposition. Auteur d’actions presque invisibles (faire sonner toutes les cabines téléphoniques d’un quartier…), programmeur,  amateur d’îles vierges et de T.A.Z1  Les Temporary autonomous zone, il crée ici une « deuxième galerie » qui s’immisce entre l’espace physique de la galerie Pannetier et le travail de Charlie Jeffery. Il  y impose de façon arbitraire ses propres codes, données, cadre et contraintes, au sein d’un système parfaitement autonome activé toutes les demi-heures,  et alimenté énergétiquement par une série de batterie de voitures. Lampes, ampli guitare, plaque chauffante, tous les éléments activés sont énergétiquement autonomes, et constituent un système cohérent,  voué à l’entropie (tout y est pensé pour que l’épuisement des batteries coïncide avec la fin de l’exposition).2 Cette mort programmée, aussi légère qu’inévitable, n’est pas sans rappeler les zones d’autonomie temporaire évoquées par Hakim Bey et autres utopies pirates (par nature éphémères) destinées à « s’immiscer dans les failles du réseau afin de constituer un terrain propice » 

Au sein de cet univers animé, ses propres pièces (émetteur de sms,  platine disque ultra-lente, tasseaux robotisés low-tech…) côtoient d’autres formes, issues d’un tout autre protocole : celles de Charlie Jeffery.

Utilisant les contingences liées à l’atelier, la manipulation, la production et le recyclage de formes, il crée des principes plastiques mêlant pragmatisme et absurdité. Prenant comme exemple la division cellulaire, il à notamment séparé à la hache un certain nombre d’objets (chaises, photocopieurs) afin de les ré-agencer, ou de les mixer avec  d’autres , dans le but de créer des œuvres hybrides teintées d’humour d’esprit trash.

Il présente ici Half way house for nothing, trois formes génériques (chaise, table, mur), destinées à produire un certain nombre de combinaisons, chaque jour différentes, jusqu’à la fin de l’exposition.

Désireux d’expérimenter des motifs simples potentiellement générateurs de formes multiples, il propose également la production d’une sculpture de cire par jour.

D’abord utilisée pour des moulages dans son atelier, la cire devient  ici un moyen de créer des formes chaotiques résultant d’un geste répétitif, toujours identique (verser de la cire chaude dans un container d’eau).

Aussi imprévisibles que les coussins de laves formés par les éruptions volcaniques au fond des océans, et immédiatement figés par des eaux glaciales, ces sculptures constituent un catalogues de formes tantôt grotesques, tantôt séduisantes , issues d’un protocole précis, curieux mélange d’une culture hybride, à la fois conceptuelle, expressionniste et naturaliste.


1  Temporary autonomous zone (Zones d’autonomie temporaire)

2 Cette mort programmée, aussi légère qu’inévitable, n’est pas sans rappeler les zones d’autonomie temporaire évoquées par Hakim Bey et autres utopies pirates (par nature éphémères) destinées à « s’immiscer dans les failles du réseau afin de constituer un terrain propice »