••˜\ˆ˘ˆ ^\_ (MOIRÉE, LA SURFACE)

Niels Trannois

17 juin — 30 juillet 2016


Dans le cadre du programme « Suite » instauré par le Centre national des arts plastiques (CNAP), In extenso présente ··˜\ˆ˘ˆ ^\_ (moirée, la surface) une exposition de Niels Trannois.

Ne se limitant pas à au cadre, ni à la surface murale, l’œuvre peint de Niels Trannois se distingue par la singularité de son mode opératoire.

Evitant le parti pris autoréflexif, Niels Trannois investit des territoires au-delà de la peinture pour les laisser pénétrer et enrichir l’acte pictural même. Partant très souvent du langage, des mots et de leur forme comme stimulus signifiant, suggestif, l’artiste établi des concordances entre ses écrits qu’il considère comme des dessins préparatoires aux œuvres (cf catalogue ”drawings”) et le langage pictural dont sa pratique est faite. Par extension à cet impulse littéraire, l’artiste explore la dimension poétique des matériaux dont sont constituées ses peintures, les fluides chromatiques agissent sur les supports, s’imbriquent et transpirent, imprégnant ceux-ci de façon organique.

Ses œuvres sont dès lors dépourvues de schèmes préconçus pour se laisser porter par le mouvement des fluides, les coïncidences, les réactions par imprégnation et extraction. Une impression de flottement nait de l’incertitude en cour et rien du processus ne peux laisser entrevoir ce qu’il en sera finalement, si tant est qu’il soit possible de parler de fin. Car la notion de finitude n’a pas cour dans la démarche de Niels Trannois, et ses titres évocateurs amorcent déjà l’œuvre à venir. La lourdeur de la matière picturale s’efface ici au profit de la légèreté, la sensibilité et l’évanescence des sensations, comme autant de notions flottantes qu’il tente d’encapsuler.

Avec ··˜\ˆ˘ˆ ^\_ (moirée, la surface), l’artiste interprète des composants du théâtre Bunraku de manière déconstruite. Les éléments présents dans l’exposition ont tous pour origine un processus de fabrication industriel que l’artiste augmente en les retravaillant manuellement, et en y introduisant un « ghost », une présence étrangère venant habiter ces éléments. Une marionnette grimée, dont la pose est inspirée d’une séquence de la pièce de Bunraku Sugawara Denju Tenarai Kagami11 Sugawara Denju Tenarai Kagami (菅原伝授手習鑑)1 est une pièce japonaise de théâtre bunraku et kabuki écrite conjointement par Takeda Izumi I., Takeda Izumo II., Namiki Sōsuke et Miyoshi Shōraku. est juchée sur un muret, la fluidité habituelle de ses mouvements marque une pause. On appelle « ningyo » les marionnettes de Bunraku qui, au contraire de celles à fils, ne chutent pas sous l’effet de la gravité : elles sont soutenues et tendent à l’élévation.

Les fils sont ainsi exempts de toute fonction. Ils sont ces câbles qui dessinent au mur une partition dont on peut lire les stigmates du passage des « ningyo ». Ils ponctuent l’espace des traces de son passage, soutenant des modélisations d’images rémanentes.

Une image mentale du moirage est alors signifiée. Elle se situe entre ce qui est posé et ce qui est pendu. C’est le cas des peintures sur soie de sérigraphie, montées sur caisson d’aluminium, dont le revers a donné lieu à une collaboration entre Niels Trannois et le graphiste Emanuel Crivelli : cette collaboration se joue des codes esthétiques mis en place par l’artiste pour ancrer les œuvres dans le temps de leur exposition, et rendre visible les stigmates de leur passage à In Extenso.

1. Sugawara Denju Tenarai Kagami (菅原伝授手習鑑) est une pièce japonaise de théâtre bunraku et kabuki écrite conjointement par Takeda Izumi I., Takeda Izumo II., Namiki Sōsuke et Miyoshi Shōraku.


Né en 1976, Niels Trannois vit et travaille à Berlin.

Son travail a été présenté à l’occasion d’expositions personnelles à la galerie Valentin, Paris, Supportico Lopez, Berlin, la galerie Chert, Berlin et lors d’expositions collectives à l’IAC de Villeurbanne, au FRAC Champagen-Ardenne, Reims, A Palazzo, Brescia, RH Contemporary Art, New York, la galerie Préface, Paris, La Villa du Parc, Annemasse, la Galerie des Galeries, Paris, au Kunstverein Langenhagen, au Confort moderne, Poitiers, la Gallery Nordenhake, Stockholm, au CAPC, Bordeaux, la Galerie, Noisy-le-sec, la Villa Arson, Nice, galerie Air de Paris, Paris, C.N.E.A.I, Chatou, FRAC Basse-Normandie, Caen…

Il est représenté par la galerie Supportico Lopez, Berlin.


Cette exposition reçoit le soutien du Centre national des arts plastiques dans le cadre de son programme Suite. Le programme Suite bénéficie du soutien de l’ADAGP et de la Copie Privée.